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L’École du Bien Et du Mal refuse de laisser briller ses stars

Les effets pratiques dans le cinéma ne sont pas morts, mais à en juger par les offres actuelles d’Hollywood, on pourrait penser que les réalisateurs sont obligés de faire jaillir la magie générée par ordinateur à chaque occasion possible. C’est malheureusement l’un des points à retenir de L’École du Bien Et du Mal de Paul Feig.

Enfin adapté de la série de romans bien-aimés de Soman Chainani après des années d’enfer de développement, c’est l’une des nombreuses franchises de jeunes adultes récupérées par Netflix, un studio qui a évidemment encore de l’argent à brûler sur une équipe d’effets visuels pour rivaliser avec Marvel.

Paul Feig et le co-scénariste David Magee montrent également ces explosions d’énergie dès le départ plutôt que de d’être plus subtil et de prendre leur temps. Nous jetant tête baissée dans un prologue mettant en vedette 2 frères défiant la physique (tous deux joués par Kit Young de Shadow and Bone), la série veut présenter chaque point d’intrigue majeur de sa liste, et se sent obligé d’expliquer et de réexpliquer ces points.

Les flashbacks accompagnent souvent des répliques descriptives, et il y a à la fois du texte à l’écran et de la narration. Si ce genre de magie fantaisiste vous rappelle une autre école de sorcellerie, vous êtes sur la bonne voie.

Les adolescentes Sophie (Sophia Anne Caruso) et Agatha (Sofia Wylie) sont des parias dans leur ville médiévale de Gavaldon, la première est une rêveuse aux cheveux blonds immaculés, la seconde est une sorcière de forêt en formation. Rêvant d’échapper à son village étroit d’esprit et portant des robes de princesse, Sophie écrit une lettre demandant l’admission à la légendaire École du Bien et du Mal où tous les personnages de conte de fées étudient et protègent l’équilibre du monde.

Agatha finit à l’école du bien et Sophie se retrouve avec les méchants en herbe comme le fils du capitaine Crochet et la fille du shérif de Nottingham dans l’École du Mal. Le fils du roi Arthur, Tedros (Jamie Flatters), manie Excalibur si bien qu’il finit dans un triangle amoureux avec Sophie et Agatha.

Alors que les 2 amis tentent de changer d’école, d’assister à leurs cours d’embellissement et d’enluminure respectifs, de naviguer dans des cliques sociales trop reconnaissables et de trouver le vrai amour, une mystérieuse prophétie concernant les pouvoirs latents de Sophie est en cours.

L'école du bien et du mal

Paul Feig a entouré les 2 jeunes actrices avec plusieurs stars, bien que 2 aient assez de temps pour faire impression. En tant que doyenne de l’École du Mal, Lady Lesso, on retrouve Charlize Theron. Mais vu sa férocité dans des épopées comme Blanche Neige et Le Chasseur, il y a une occasion ratée ici, peut-être de s’enfoncer dans ce qui devrait être le personnage le plus costaud.

Kerry Washington s’en tire mieux que son homologue, dans le rôle du professeur Dovey, parce que nous avons rarement vu son côté idiot, l’actrice introduit astucieusement l’idée que c’est en fait l’École du bien prisée qui abrite les élèves les plus méchants — les intimidateurs plutôt que les intimidés.

Rob Delaney et Rachel Bloom ont fait des apparitions brèves, et nous aurions préféré plus de temps avec le propriétaire de la librairie joué par Patti LuPone. Laurence Fishburne joue le rôle de maître d’école, et Michelle Yeoh tout aussi sous-utilisée suscite l’un des seuls rires du film, une blague chargée de blasphème qui, à juste titre, pointe sur le fait même qu’elle est sous-utilisée.

Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’humour dans L’école du bien et du mal mais les spectateurs occasionnels ne devineront jamais que cela vient d’un tel maestro de la comédie. De façon déconcertante, Paul Feig a prouvé sa capacité à trouver des blagues dans des endroits improbables, y compris parmi les séquences d’action. Il manque peut-être une dose du chaos de Melissa McCarthy.

Au lieu de cela, il est trop gêné par le chaos visuel grâce à ces pièces pyrotechniques et le fait de bâcler l’intrigue – une partie particulièrement déconcertante se termine avec un étudiant apparemment assassiné, ou du moins c’est ce qu’Agatha suppose et explique, pratiquement directement à la caméra.

Tel est le sort des adaptations littéraires qui essaient de tourner en moins de deux heures. Les fans des livres de Chainani peuvent apprécier de voir son inventivité et son récit sincère sur un écran. Si seulement Paul Feig avait la latitude de prioriser ses acteurs, plutôt que son équipe d’effets spéciaux.

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